Galerie Bavan, CONNECTIVE STRINGS OF RESILIENCE

Galerie Bavan, CONNECTIVE STRINGS OF RESILIENCE

La galerie Bavan, basée à Téhéran, présente sa première édition d’une série de projets intitulée « The Land Of The Cypress Tree », ouvrant pendant Art Dubai et ouverte au public jusqu’en mai.

Ce programme d’exposition s’inspire du cyprès d’Abarkuh situé dans la province iranienne de Yazd, considéré comme le plus ancien cyprès du monde. De nombreuses légendes attribuent à cet arbre, sa plantation d’origine et les voyageurs venus le contempler, c’est avant tout un symbole de résistance et de résilience, de survie dans les conditions les plus extrêmes, l’expression idéale de la persévérance.

L’histoire contemporaine mouvementée de l’Iran a rarement été absente de l’exposition médiatique et des discours des politiciens et des militants. Comment essaierait-on de se définir tout en restant à l’écart des idéaux imposés par les médias, les politiciens, les intellectuels et le grand public ? Pour de nombreux artistes iraniens, la réponse a été une exploration introspective et une insistance sur l’individualité et l’expérience individuelle. Comme la réalité socio-politique reste assez unique à l’Iran, la qualité de l’expérience individuelle dans ce pays aussi, et de nombreux artistes proposent des voyages intérieurs dans leur travail qui se connectent finalement au large spectre de la vie en Iran.

« The Land Of The Cypress Tree » est une exposition collective transgénérationnelle. Galerie Bavan présente le travail de plusieurs générations d’artistes iraniens, un collage d’idées et d’idéaux. Pour ces artistes, la question de la survie passe souvent par la question « jusqu’où peut-on pousser sa pensée et son imagination » ?

« Aujourd’hui, il y a tellement de jeunes artistes talentueux qui travaillent en Iran, en particulier des femmes artistes malgré tous leurs obstacles. Je vois leur avenir si brillant et Bavan essaie de les maintenir présentés à l’international. Je crois que nous entendrons plus d’artistes iraniens qu’auparavant dans les années à venir. »

Ava Ayoubi, fondatrice de Galerie Bavan

Credits :
Coverphoto (Home) : oeuvre par Samira Alikhanzadeh
Photos (de haut en bas) : oeuvres par Samira Alikhanzadeh, Mimi Amini, Elham Pourkhani, Zarbaf
Text : Anahita Vessier
Traduction : Anahita Vessier

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Merging Horizons

MERGING HORIZONS

« Merging Horizons » est une exposition avec la curation de Tatiana Gecmen-Waldek et Anahita Vessier en collaboration avec Ab Anbar Gallery présentée au Cromwell Place à Londres.

« Merging Horizons » fait référence au concept de « fusion des horizons » du philosophe allemand Hans-Georg Gadamer (1900-2002) et crée un dialogue entre deux artistes iraniens, Sonia Balassanian et Hessam Samavatian.

Un concept dialectique qui résulte du rejet de deux alternatives : l’objectivisme, où l’objectivation de l’autre passe par l’oubli de soi; et le savoir absolu, selon lequel cette histoire universelle peut s’articuler en un seul horizon. Par conséquent, il soutient que nous n’existons ni dans des horizons fermés, ni dans un horizon unique.

Cette notion d’« horizons » renvoie dans notre spectacle à la perception visuelle des horizons que l’on retrouve dans les œuvres de Sonia Balassanian et Hessam Samavatian ainsi qu’à « l’horizon » comme façon de conceptualiser notre discernement. L’horizon est aussi loin que nous pouvons le percevoir ou le comprendre. La compréhension se produit lorsque nos connaissances actuelles sont déplacées vers un nouvel horizon plus large suggéré par une rencontre, une expérience ou même une surprise.

Notre exposition « Merging Horizons » interprète cette fusion en reliant la connaissance des spectateurs à l’expression des horizons des artistes élargissant sa perception au-delà de l’imagination.

 Tatiana Gecmen-Waldek and Anahita Vessier

 

 Vernissage de « Merging Horizons » au Cromwell Place, Londres, 24 mai 2022 :

Credits:
Photo de couverture : flyer avec l’oeuvre de Sonia Balassanian « Untitled, 2018 »
Photos : Michal Rubin
Texte: Tatiana Gecmen-Waldek & Anahita Vessier
Traduction : Anahita Vessier

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IMAN RAAD, Perturbation de la réalité

IMAN RAAD,
Perturbation de la réalité

S’inspirant de la peinture miniature persane, des ornements de camions d’Asie du sud et de l’imagerie numérique affichant un bug, l’œuvre d’Iman Raad m’a immédiatement impressionnée : son intensité, son mélange explosif de couleurs, ainsi que la combinaison contradictoire de beauté et de peur, de plaisir et de douleur. En regardant ces tableaux, le spectateur témoigne d’un moment de rupture, un moment figé de la réalité juste au moment où quelque chose est sur le point de se produire.

Dans cette interview, l’artiste iranien né à Brooklyn nous guide à travers son dernier travail qui a récemment été exposé à la galerie Sargent’s Daughters à New York.

Quand on observe ton travail, on constate que tu utilises des éléments issus du folklore de la mythologie persane tels que des détails typographiques et des allusions aux miniatures persanes. La culture et le folklore iraniens sont-ils une source d’inspiration importante pour toi ?

Oui, ça l’a toujours été. Mais cela va même au-delà d’une source d’inspiration. C’est une base de ma structure de pensée, qu’elle soit inconsciemment ou consciemment stimulée.

J’essaie de ne pas utiliser de façon « iconique » la culture persane dans mon travail, de sorte que l’on reconnaît à peine les éléments de folklore. L’indication iconique des « autres » cultures est une approche occidentale de l’art parce qu’elle est une représentation évidente d’autres cultures qu’il est possible de sortir de son contexte, facile à communiquer et à consommer.

« Mais mon travail fait constamment référence « de manière indicielle » à la culture persane : cela est enraciné dans mes pensées J’ai vécu avec cette culture, je la respire, j’apprends d’elle et je construis mon langage pour dialoguer avec l’histoire de l’art à travers elle. »

C’est, je crois, l’approche contemporaine de l’ethnicité et de l’identité culturelle.

Tu as récemment eu une exposition solo titrée « Tongue Tied » à la galerie Sargent’s Daughters à New York. Peux-tu expliquer un peu ton dernier travail qui était présenté à cette occasion ?

Dans cette exposition il y avait une variété d’œuvres que j’ai réalisées en 2016, toutes sous le thème de « tongue tied » (= sans voix).

« Pour moi les tableaux représentent un moment de perturbation à la réalité. »

Je crée cette perturbation à travers de fausses perspectives, en troublant les lois physiques, des reproductions d’image inspirées par des bugs digitaux sur des écrans qui représentent des événements fugitifs comme un seuil vers un crise. Des objets et des fruits prennent l’apparence d’objets animés.

Dans l’exposition « Tongue Tied » il y a une série de tableaux de 9×12 pouces à base de tempéra à l’œuf, posés chacun sur des étagères étroites. J’ai commencé récemment à peindre avec la tempéra à l’œuf sur des panneaux. Le processus est lent et fatiguant ce que je n’aime pas, même si j’ai besoin de ce temps de méditation. J’aime la façon dont le jaune d’œuf coule sur la surface lisse des panneaux de bois, et la texture qui se crée ainsi par les pigments qui ne se sont pas mélangés. Les couleurs sont radieuses et j’aime que le tableau ressemble à des carreaux peints.

J’ai aussi exposé un tableau d’un large format, dessiné avec un marker sur du papier. Ce dessin représente une interaction complexe de nappe avec un imprimé ornemental, de papier peint et de tapis interrompus par de longues rangées d’oiseaux superposés et qui se déplacent à travers le tableau. Il m’a fallu un mois pour terminer ce tableau de 5×7 pieds.

Le héros de l’exposition, que j’appelle parfois Don Quichotte, est une silhouette plate agenouillée avec un drapeau dans sa main et un autoportrait de moi-même sur sa poitrine, inspiré du travail de Barbara Kruger « Ton corps est un champ de bataille ».

L’exposition comprend également une large peinture murale faite spécialement pour les murs du bureau de la galerie Sargent’s Daughters. Elle a été réalisée en quatre jours avec deux assistantes et a duré seulement pour la période de l’exposition.

Tu as fait aussi des présentations sous le titre « Two-headed Imagomancy » avec Shahrzad Changalvaee, une autre artiste Iranienne, et ton épouse : Que signifie ce titre et quel est le sujet de cette performance ?

Shahrzad et moi sommes initialement issus du monde du graphic design. Nous étions membre du collective Dabireh avant de quitter l’Iran. Le collective Dabireh a été fondé par Reza Abiding en 2008. Il s’agissait d’un collectif de graphistes, de typographes et de linguistes spécialisés dans la langue persane, l’alphabet, la calligraphie et la typographie.

Depuis que nous avons déménagés aux Etats-Unis, nous avons eu des demandes pour parler de nos œuvres graphiques et nous avons décidé de transformer notre exposé en une conférence-performance sous forme de récit.

« Cette idée est inspirée par des Pardeh-khani, une forme traditionnelle dans des cafés en Iran pour raconter des histoires. »

Notre récit est composé d’histoires dans des histoires ; certaines sont historiques, certaines sont personnelles, certaines des légendes ou des fictions. Mais toutes les histoires traitent de la langue, des lettres, principalement des histoires des lettres arabo-persans. Pour chaque performance, un tableau en particulier est fixé au fond contenant des illustrations pour l’histoire et une image significative qui réfère au lieu où l’histoire se passe.

Le « Two-headed » dans le titre réfère à nous, le couple qui raconte l’histoire ; et le mot « imagomancie », nous l’avons créé en combinant imago + mancie. « Imago » est le mot latin pour « image » et « mancie » réfère à la divination de quelque chose en particulier, comme bibliomanie ou géomancie. « Imagomancie » signifie ainsi la divination à l’aide des images.

Les poèmes de Hafiz ou Roumi sont très présents dans la vie quotidienne en Iran. Y-a-t-il un poème qui te guide dans la vie ?

Il n’y en a pas vraiment un en particulier. Peut-être en général, ils sont présents dans la vie quotidienne des Iraniens, donc ils ont de l’influence inconsciemment sur mes pensées comme pour presque tous les Iraniens.

Des projets à venir ?

Continuer à travailler.

Credits:
L’ensemble de l’oeuvre par Iman Raad
Texte: Anahita Vessier
Traduction: Anahita Vessier
 http://www.imanraad.com/

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