ÀCHEVAL PAMPA, Les amazones du style

ÀCHEVAL PAMPA, Les amazones du style

En partant des souvenirs d’enfance qu’elle a passée sur les chevaux dans les Pampas, la styliste argentine Sofia Achaval de Montaigu rend hommage aux cavaliers de cette immense étendue de terre, en créant avec son amie et associée Lucila Sperber la marque de lifestyle Àcheval Pampa.

Avec ses longs cheveux blonds, vêtue d’un de ces fameux bombachas, pantalon de gaucho devenu la pièce clé du label, et de ce chapeau noir, Sofia dégage un exotisme intriguant, une élégance naturelle et une allure poétique. Elle ressemble à une amazone urbaine qui représente parfaitement bien l’esprit du label.

Depuis son lancement au Ritz à Paris l’année dernière, Àcheval Pampa est un véritable succès, séduit les It-girls du moment de Paris à Buenos Aires et promeut avec beaucoup de chic et de sophistication, la beauté de la Pampa et son savoir-faire unique.

Derrière le label Àcheval Pampa, il y a toi et Lucila Sperber. Comment est venue l’idée de créer cette marque ensemble, inspirée des gauchos des Pampas ? 

C’était mon rêve de créer une marque inspirée des gauchos. J’ai grandi à Buenos Aires mais toutes les vacances ou les weekend, je les ai passé dans les Pampas ou ma famille à des terres.

Donc pendant toute mon enfance j’ai grandi avec les chevaux dans cette immense étendue de prairies habillée comme un gaucho.

Quand j’ai fait ensuite mes études de stylisme à Paris au Studio Berçot, j’ai porté souvent les bombachas, ce pantalon de gaucho, des bottes de cavalières ou des ponchos. Ce style qui était très naturel pour moi a fasciné mes amis qui voulaient toujours savoir ou je les avais acheté.

J’ai rencontré Lucila des années plus tard en tant que styliste pendant un shooting pour Rochas, car elle dirige cette marque en Amérique du Sud.
C’est là ou notre idée est née de créer ensemble une marque inspirée des tenues des gauchos. 

Qu’est-ce qui vous fascine exactement dans ce style de gauchos et dans les Pampas, cette vaste région entre l’Uruguay, l’Argentine et le sud de Brésil ?

L’écrivain argentin Jorge Luis Borges disait

« La Pampa est un vertige horizontal ».

J’adore cette citation, que nous avons d’ailleurs brodée sur nos chemises,  car elle décrit parfaitement la sensation qu’on ressent sous le soleil et ces kilomètres de terre devant soi sans rien ni personne.

La tenue des gauchos avec leurs chapeaux, leurs pantalons, leurs ponchos et leurs bottes en cuir ont énormément d’allure et de chic.

Avec Àcheval Pampa nous avons voulu extraire cette élégance, cette allure noble et indémodable de ce vestiaire masculin et le rendre féminin en ajoutant de la sophistication, du romantisme et de la poésie.

Ça me fait penser à la citation d’Yves Saint Laurent qui disait « Une femme n’est jamais aussi féminine que dans un costume d’homme ». 

Moi je suis une grande animatrice de Monsieur Saint Laurent et il a tout à fait raison.

Yves Saint Laurent s’est beaucoup inspiré des vêtements d’homme et les a adapté aux femmes qui sont ensuite devenus des pièces d’une élégance intemporelle. Il prenait ses inspirations des différentes cultures de l’Asie, du Maroc et aussi des gauchos et leur a insufflé une modernité, une élégance et un chic européen.

Et c’est ça notre but avec Àcheval Pampa.

Nous voulons créer une garde-robe de beaux classiques, avec une élégance ethnique épurée que tout le monde peut porter toute une vie.

C’est pour cette raison que nous continuons chaque saison avec nos pièces clé, auxquelles nous ajoutons une petite sélection de nouveautés.

Le corps de nos collections sont les pantalons que nous déclinons dans différentes matières très luxurieuses. Autour de ces pièces, nous avons ajouté les chemises, des capes, des robes, des jupes, et pour cet hiver, une veste.

Nous donnons une grande importance à la qualité des tissus et à la coupe. Il faut que les vêtements soient parfaitement taillés et aussi agréables à porter du matin jusqu’au soir.

Mais il y’a aussi des bijoux et des ceintures pour lesquels vous faites appel à des artistes.

Oui, les bijoux et ceintures sont faits par l’incroyable artiste argentine Luna Paiva qui est connue pour ces énormes sculptures en bronze.
Cette collection capsule s’inspire de ce ciel très particulier des Pampas avec ce soleil et cette lune qui sont très intenses dans ce lieu magique.

Luna dessine d’abord et fait ensuite les moules à la main dans son atelier de production.

Pensez vous à inviter aussi d’autres artistes pour des collaborations?

Nous aimons vraiment l’idée des collaborations car c’est intéressant d’apporter un autre regard à la collection, mais il faut aussi qu’elles se fassent d’une manière naturelle sans être forcé.

Nous continuerons certainement notre collaboration avec Luna, dont nous adorons énormément  l’univers qui est en parfaite symbiose avec le style d’Àcheval Pampa.

Des It-girls comme Kendall Jenner, Meghan Markle sont des fans d’Àcheval Pampa et Delfina Blaquier a porté cette magnifique robe bleue au royal wedding de Harry et Meghan.

Oui, Delfina était sublime dans cette robe !
De l’avoir porté à ce moment là a fait un énorme buzz surtout sur les réseaux sociaux et a donné une énorme visibilité à la marque,  juste quelques mois après le lancement d’Àcheval Pampa au Ritz.

D’ailleurs Delfina et son mari Nacho Figueras, le grand joueur de polo, font aussi partie de cette aventure et sont les meilleurs ambassadeurs du label. On est tous très amis et nous partageons tous cet amour pour l’Argentine, sa beauté époustouflante et son savoir-faire unique.

Ce savoir-faire local et l’artisanat traditionnel est très mis en avant chez vous. Est-ce que tu penses que la nouvelle définition du vrai luxe est de produire moins mais d’une manière plus artisanale?

Pour nous c’est très important que tout soit produit localement.
Nos pantalons et les chemises sont fabriqués en Uruguay, les ceintures dans le sud du Brésil et les sacs sont faits par le meilleur atelier en Argentine qui est spécialisé dans la fabrication des selles des chevaux des gauchos. Ils ont un savoir-faire incroyable. Et nous faisons produire nos chapeaux noirs par une famille qui ne fait que ce modèle.

Le « made in the Pampas » nous tient vraiment à coeur et nous voulons le promouvoir et l’exporter dans le monde entier. C’est aussi une manière de donner du travail à tous ces artisans d’un talent impressionnant et pour que ce riche et unique savoir-faire ne disparaisse pas.

Àcheval Pampa est avant tout une marque de lifestyle, pas de designer, avec un esprit qui peut être décliné tout à fait aussi dans d’autres domaines comme le parfum ou les meubles.

2018 était l’année du lancement d’Àcheval Pampa qui était un véritable succès. Peux tu nous dévoiler vos nouveaux projets pour 2019?

Nous allons présenter notre collection Automne / Hiver en mars au Ritz.

Nous avons aussi un agenda rempli de voyages. Nous avons la chance d’avoir des très beaux magasins partout dans le monde qui vendent nos collections et qui organisent des événements autour la marque.

Ces voyages et ces rencontres avec les boutiques et les clients sont pour un projet comme le notre très importants car ça donne la vie à la marque et permet également d’avoir un contact direct avec notre clientèle et de comprendre ce que chaque femme aime de nos collections.

On va peut-être aussi créer des vêtement pour hommes car il y en a beaucoup qui veulent porter nos pantalons.

Qu’est-ce qui te vient à l’esprit quand tu penses à L’Iran?

Je pense à des couleurs, à des épices.
Ca me rappelle aussi l’Argentine car les deux pays on une culture très forte.
J’aimerais beaucoup y aller.

Credits:
Toutes les photos © Àcheval Pampa
e-Shop: https://acheval-pampa.myshopify.com
Texte: Anahita Vessier

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VAQAR, La nouvelle avant-garde de la mode

VAQAR, La nouvelle avant-garde de la mode

Vaqar est une marque iranienne de mode très branchée basée à Téhéran qui a participé en 2016 au prestigieux LVMH Prize For Yound Fashion Designers.

Derrière cette jeune marque se cache deux sœurs, Shiva et Shirin Vaqar, belles et créatives, qui créent des vêtements dans un style contemporain et universel apportant un vent frais et un concept redéfini de modernité sur la scène internationale de la mode.

Elles montreront leur collection Printemps/Eté 2018 lors de la Fashion Week de Paris en septembre.

Vous étiez invités en 2016 à participer au prestigieux LVMH Prize For Young Fashion Designers. Comment avez-vous vécu cette expérience ? Etait-ce la première fois que vous présentiez votre collection à l’étranger ?

C’était une expérience incroyable et un tournant décisif pour nous. Ça nous a donné envie d’aller encore plus loin. C’était la première fois que nous présentions notre travail hors d’Iran.

Il n’existe pas d’école de stylisme, ni d’organisme école de stylisme en Iran qui soutient les jeunes stylistes iraniens, qu’est-ce qui vous a, malgré cela, donné l’envie de travailler dans la mode ? Qu’avez-vous étudié et quand avez-vous lancé votre marque « Vaqar » ?

J’ai fait des études en gestion d’entreprise et Shirin a étudié des Arts Visuels. Nous avons toujours eu ce désir de travailler ensemble et nous nous sommes toujours intéressée à la mode. Nous avons décidé de tenter notre chance et avons lancé Vaqar en 2013.

Pouvez-vous m’en dire un peu plus sur la scène de la mode en Iran. Avez-vous observé un progrès dans le soutien et la promotion des marques de mode Iraniennes ?

Récemment la mode devient de plus en plus importante en Iran et il y a plus de soutien, surtout des iraniens eux-mêmes qui commencent à faire plus attention aux marques iraniennes. C’est pour cette raison qu’il y a de nombreux événements de mode ; et cela est une grande motivation pour nous stylistes.

« Nous pensons que ce n’est que le début de la mode iranienne et dans quelques années, cela sera encore mieux « 

Votre mode est très contemporaine avec un style universel. Quelles sont vos inspirations ? La culture iranienne est-elle une source d’inspiration pour vous ?

Nous sommes inspirées par presque tout. Nous essayons toujours de moderniser des styles désuets avec une approche très nouvelle et fraîche basée sur nos inspirations.

« L’influence de notre héritage culturel sur nos créations est indéniable. »

Les valeurs qui sont la conclusion de notre culture peuvent avoir un impact sur notre façon de penser et par conséquent éventuellement sur nos vêtements.

Votre style moderne et très constructif dans des couleurs monochromes me rappelle des icônes de la mode comme Yohji Yamamoto ou Rei Kawakubo. Ces créateurs ont-ils influencé votre évolution créative ?

Nous adorons Yohji Yamamoto. Cependant les couleurs que nous utilisons sont basées sur les concepts que nous choisissons et ces concepts sont le résultat d’un sentiment dans une période précise. Nous ne sentons aucune obligation d’utiliser seulement des couleurs monochromes dans notre travail.

En tant que sœurs, quel est l’avantage ou le désavantage de travailler ensemble ?

Nous ne voyons aucun désavantage, au contraire. Comme nous nous connaissons très bien, il est plus facile de comprendre l’autre, d’arriver à une idée commune et de prendre une décision. Nos différentes compétences se complètent les unes les autres, ce qui les rend plus efficaces.

Avez-vous pour habitude de travailler en écoutant la musique ? Qu’est-ce que vous écoutez en ce moment pendant que vous travaillez sur votre prochaine collection ?

La musique fait partie de notre processus de création. Récemment nous écoutons les morceaux de Olafur Arnalds, en particulier Til Enda et Gleypa Okkur.

Quand et où est-ce que vous présenterez-vous votre prochaine collection ? Pourriez-vous me donner une petite idée de votre collection Printemps/Été 2018 ?

Nous présentons normalement chaque collection au début de chaque saison à Téhéran et deux fois par an à la Fashion Week de Paris.

Cette année nous monterons notre collection Printemps/Été 2018 à Paris fin septembre.

« La prochaine collection sera une version moderne de vêtements traditionnels inspirés par d’anciennes statues iraniennes. »

Vous habitez à Téhéran. Qu’est-ce que vous aimez de cette ville ? Quelles sont vos adresses préférées ?

Ce que nous aimons à Téhéran c’est la nostalgie.

Nos endroits préférés sont le Grand Bazar de Téhéran, Tajrish, …

Credits:
Toutes les créations: Vaqar
Texte: Anahita Vessier
Traduction: Anahita Vessier
http://vaqar.com/
https://www.instagram.com/_vaqar_//

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DELPHINE DELAFON, L’amazone bohème chic et punk

DELPHINE DELAFON,
L’amazone bohème chic et punk

Le sac seau de Delphine Delafon est LA pièce que toutes les filles de Paris à Tokyo adorent. C’est déjà un « classique ».

Son atelier dans le Xe arrondissement de Paris ressemble véritablement à la grotte d’Ali Baba, rempli de tissus extraordinaires, de cuirs exotiques aux couleurs incroyables, de toutes sortes de passementerie où Delphine, cette longiligne amazone bohème, chic et punk, avec sa voix rauque, reçoit ses clients, dessine ses collections uniques et fabrique ses sacs élégants.

Quand as-tu décidé de lancer ta propre marque ?

Depuis l’âge de 15 ans, je voulais créer ma propre marque et vendre des créations qui portent mon nom.

J’ai commencé pendant ma grossesse. J’étais à la maison et je fabriquais un sac pour moi. Mes copines l’ont vu et en voulaient un aussi, et puis des amies d’amies, et ainsi de suite. Je les ai invitées chez moi pour qu’elles puissent choisir la matière et le tissu. L’idée était que chacune d’elle puisse avoir son propre sac personnalisé.

Grâce au bouche à oreille, j’ai eu de plus en plus de clients, et après deux ans c’est devenu un business sérieux.

Les 500 premiers sacs ont été fabriqués par moi-même avec ma machine-à-coudre dans ma cuisine. Mais à un certain moment, les commandes sont devenues si importantes que j’ai décidé de déléguer le travail et trouver un vrai atelier.

Depuis le début de ta marque tu proposes aussi à tes clients un service « sur-mesure ». Y-a-t-il une forte demande aujourd’hui pour des pièces uniques ?

Malgré le fait que j’ai lancé il y a quelques saisons des sacs fabriqués en dehors de mon atelier, une sorte de collection prêt-à-porter pour être plus accessible et pouvoir répondre aussi à des commandes des magasins, la demande pour le sur-mesure augmente constamment.

« Aujourd’hui les clients sont prêts à dépenser plus d’argent pour avoir leur sac Delphine Delafon sur-mesure. Ils apprécient le savoir-faire et le fait que le sac soit fabriqué dans mon atelier à Paris. Ils adorent venir ici, me rencontrer afin que l’on puisse choisir ensemble les matières pour leurs sacs. »

Chaque sac de Delphine Delafon est fabriqué en édition limité et numéroté.

Après les sacs, tu te lances à présent dans une ligne de mode. Quel est, selon toi, le lien commun entre les sacs et les vêtements ?

Pour la ligne de vêtement, j’aimerais garder le même concept comme pour les sacs, garder la fabrication aussi artisanale que possible et 100% fabriqués en France. Il n’y a pas d’étiquette à l’intérieur des vêtements, chaque pièce est signée par moi-même à la main.

Je souhaite également garder le concept des clients qui peuvent venir à mon atelier pour avoir des vêtements personnalisés.

Pour moi ce genre de détail est extrêmement important pour montrer que tout est artisanal. J’ai remarqué que les gens sont très sensibles et réceptifs au sentiment du créateur pour ses propres créations et sa marque.

Au lieu de faire un défilé de mode classique, la présentation de ta collection Printemps/Eté 2017 était une sorte de grande fête. La collection d’Automne/Hiver 2017/18 était présentée à travers une performance de 3 heures inspirée par des funérailles catholiques traditionnelles telles qu’on en voit en Sicile, mêlées à des éléments punk et des néons. C’est une façon très peu conventionnelle de montrer sa collection.

« J’aimerais tellement être conventionnelle mais je n’arrive pas. C’est pour ça que je continue à faire à ma façon. »

Chaque présentation est une collaboration intense avec une groupe de personnes que j’aime beaucoup, et où chacun apporte des idées. J’aime collaborer avec des amis qui me connaissent moi et mon univers artistique pour ensuite créer un projet ensemble.

Où est-ce que tu trouves toutes ces variétés extraordinaires de tissus et de cuir ?

Heureusement il y a encore des fournisseurs à Paris qui ne sont pas très loin de mon atelier où je trouve du beau cuir, de la peau de lézard, de python, d’alligator, dans une vaste palette de couleurs.

Je trouve beaucoup de tissus lors de mes voyages. Mon conjoint vit au Vietnam et au Cambodge depuis un an, j’y suis allée assez souvent pour le voir et j’en ai profité pour acheter de très beaux tissus anciens. J’ai également été au Kenya l’an dernier et j’y ai trouvé des pagnes africains incroyables.

Y-a-t-il un artiste, mort ou vivant, que tu adores ?

Depuis l’âge de 12 ans je suis fascinée par la photographie de mode.

« Depuis l’âge de 12 ans je suis fascinée par la photographie de mode. »

Peux-tu me citer le nom d’une pièce d’art qui te submerge particulièrement ?

La musique est fascinante pour moi car c’est quelque chose de très abstrait et d’intangible mais qui peut en même temps évoquer des émotions très fortes.

Je suis un grand fan des Beatles. La chanson While my guitar gently weeps en particulier m’amène ailleurs, dans une autre sphère à chaque fois quand je l’écoute.

Qu’est-ce qui traverse ton esprit quand tu penses à l’Iran ?

Je pense à un pays qui a une histoire politique très forte et intense ; je pense aussi au statut et à la condition des femmes, car c’est un sujet qui me tient particulièrement à cœur.

Credits:
Portrait de Delphine Delafon par Nina Koltchitskaia
Collection Printemps/Eté 2017 et toutes les autres photos par Basile Mookherjee
Texte: Anahita Vessier
http://www.delphinedelafon.com/

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IRACEMA TREVISAN, L’essence brésilienne du chic

IRACEMA TREVISAN, L’essence brésilienne du chic

Pour moi, Ira, est une personne qui a une sensibilité incroyable pour le style et le chic : la façon dont elle mélange les couleurs, les accessoires, les imprimés ; la façon dont elle porte ses propres créations de sa marque Heart Heart Heart. Ce chic un peu décalé, ses origines brésiliennes, sa vie à Paris et sa carrière en tant que bassiste du groupe brésilien de musique indie Cansei de Ser Sexy rend son style unique, personnel et intriguant.

Tes foulards sont tous fabriqués en édition limitée et numérotés, presque comme des œuvres d’art.
Pourquoi as-tu choisi le foulard comme pièce principale ?

Pendant mes études j’ai développé une passion pour l’impression textile et la pièce la plus facile à porter est un foulard.

Je ne veux pas donner une date précise à mes créations, c’est pour cette raison que j’ai remplacé les collections par des séries. Un foulard est une pièce qui se ne démode jamais, que tu gardes toute ta vie et que tu peux porter de différentes manières.

D’où viennent tes inspirations pour tes imprimés ?

La nature. La relation entre la nature et l’homme.

« Je suis inspirée par la nature, les arbres, les animaux, les insectes, et puis je combine ces éléments naturels avec quelque chose de contre nature, artificiel, quelque chose qui n’a pas de raison d’être là. »

Quels sont les artistes dont les œuvres t’inspirent ?

J’adore l’art conceptuel, spécialement des femmes artistes comme Agnes Martin et Jay De Feo. Ce n’est pas nécessairement une œuvre en particulier ou une esthétique mais plutôt le geste artistique, le chemin créatif qui a amené au résultat final.

Est-ce que tu envisages de créer d’autres pièces que des foulards pour Heart Heart Heart ?

Oui, toujours ! Je me tourne naturellement vers la création de bijoux, mais il y a beaucoup d’autres possibilités.

A propos de ta récente collaboration avec l’artiste américaine Miranda July, comment s’est passé ce projet ?

C’est un projet que j’avais envie de faire depuis très longtemps. Miranda est tout d’abord une amie mais elle est également l’une des artistes contemporaines les plus marquantes.

« J’ai toujours l’intention d’apporter quelque chose de plus au design, quelque chose qui raconte un histoire. »

Pourquoi est-ce que tu as choisi Heart Heart Heart comme nom de ta marque ?

Pour l’image que ça évoque dans la tête, mais aussi pour les mots qui se cachent dedans, « heart » (cœur), « earth » (terre), « art » (art).

Ecoutes-tu de la musique lorsque tu travailles ? Quel type de musique as-tu écouté pour la dernière collection ?

J’écoute du rap et du hip-hop tout le temps. Selon moi, c’est là que l’on trouve aujourd’hui l’énergie et l’innovation. J’écoute du rock de temps en temps mais récemment les références du passé qu’on y trouve m’ennuient assez… tout comme a tendance à le faire la mode parfois.

Tu étais la bassiste du groupe indie brésilien Cansei de Ser Sexy. Pourquoi es-tu passé la musique à la mode ?

J’adorais déjà la mode avant même de faire de la musique. J’ai travaillé en tant que créatrice de mode pour Alexandre Herchcovitch. Je faisais de la musique le weekend. Cansei de Ser Sexy existait depuis 2003. C’était une super période et une expérience exceptionnelle. Au début, nous étions très spontanés. Mais lorsque nous avons commencé à travailler sur le 2ème album il n’y avait plus cette magie, cette spontanéité. C’est à ce moment-là que j’ai quitté le groupe et décidé de partir à Paris pour faire un master à l’IFM.

Même si tu as quitté la musique, tu collabores encore parfois sur des projets de musique, comme par exemple sur la pochette du dernier album « Contrepoint » de Nicolas Godin. Comment s’est passée la collaboration avec Nicolas, qui est également ton conjoint ? Qu’est-ce qui t’a inspiré pour cette pochette d’album ? 

Nicolas et moi, nous avons eu l’idée ensemble. Une très bonne amie à nous qui est photographe a pris la photo pour la couverture et j’ai ajouté le trait de pinceau par-dessus.

Et pourquoi des lèvres ?

L’album est très sexy et a quelque chose de très sensuel. Je voulais refléter cette sensualité de la musique à travers la pochette de l’album.

Etant d’origine brésilienne et habitant maintenant à Paris, qu’aimes-tu de Paris et du style parisien ? Qu’est-ce qui te manque du Brésil ? Et comment combines-tu les deux cultures dans ta vie quotidienne et dans ton travail ? Y-a-t-il une tradition ou une habitude typiquement brésilienne que tu préserves dans ta vie parisienne ?

Haha! Est-ce que le fait d’arriver en retard compte ? … Le Brésil est vraiment facile à vivre et décontracté, ce qui est très bien mais peut être en même temps une malédiction parce qu’il est très difficile de faire du bon travail, ou même de travailler tout court parfois.

J’aime la manière dont les français prennent le style très au sérieux, c’est une façon de vivre et un de leurs plus grands talents qu’ils exportent partout dans le monde.
J’essaie de rendre les choses très nonchalantes et légères autour de moi, en pensant au soleil chez moi au Brésil. Peut-être qu’on peut appeler ça une contribution. Les Brésiliens ont une approche plus libre de la mode et du style. Nous n’avons pas beaucoup de références du passé sur lesquelles nous pouvons prendre exemple, donc les gens se sentent libre d’inventer leur propre histoire.

Y a-t-il un objet très important pour toi que tu as emmené dans ton déménagement de Sao Paolo à Paris ?

J’ai apporté une très belle et vielle édition du roman « Iracema » avec moi. Je dois mon nom au titre de ce livre.

Qu’est-ce qui traverse ton esprit quand tu penses à l’Iran ?

L’empire perse, le cours d’histoire, mais aussi le design perse qui est si raffiné et beau, tout comme les femmes en Iran.

Credits:
Portrait d’Iracema par Christophe Roué
Toutes les autres photos des foulards « Heart Heart Heart » par Iracema Trevisan
Concept de l’album « Contrepoint  » de Nicolas Godin par Iracema Trevisan
Texte: Anahita Vessier
Traduction: Anahita Vessier
http://www.heartheartheart.com

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